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7 techniques ingénieuses utilisées par les oiseaux pour construire leur nid

7 techniques ingénieuses utilisées par les oiseaux pour construire leur nid

Par Magalli Bailliot, le 25/08/2025

Vous vous demandez comment les oiseaux construisent leur nid ? 
Chez ces bâtisseurs à plumes, il ne s’agit pas seulement d’assembler pêle-mêle des matériaux. C’est une véritable affaire d’ingénierie... Qu’ils tissent, creusent, recyclent ou utilisent des herbes médicinales, les oiseaux rivalisent d’ingéniosité pour protéger leurs œufs et leurs oisillons. Chaque espèce a développé ses propres techniques adaptées à leur environnement et à leurs besoins. 
Découvrez 7 types de nids impressionnants qui prouvent à quel point la nature est fabuleuse !

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1/Nids d’oiseaux en cités suspendues : des techniques de construction de haute volée

Certains oiseaux élèvent l’art du nid au rang de prouesse architecturale, réalisant de vastes logis collectifs. En Amérique centrale, par exemple, le cassique de Montezuma (Psarocolius montezuma) tisse des poches avec des fibres de bananier et des brindilles. Ces nids suspendus dans le vide peuvent atteindre un mètre de longueur. Regroupés en colonies, ils forment d’imposants villages aériens nichés dans les branches de grands arbres.

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Nid de cassique de Montezuma

La conure veuve d’Amérique du Sud (Myiopsitta monachus) bâtit de grands ensembles pesant parfois jusqu’à 200 kg. Ces constructions abritent plusieurs familles, dont chacune occupe un compartiment séparé. Ces super nids s’observent désormais dans plusieurs grandes villes du monde, comme New York et Marseille.

Mais c’est sans doute le républicain social (Philetairus socius), surnommé à juste titre « angry bird », qui détient le record des méga-nids : des refuges pouvant atteindre 4 mètres de haut, plus de 6 mètres de large et peser près d’une tonne ! Ces habitats forment de véritables cités suspendues, où des centaines de couples disposent chacun de leur propre "appartement". Selon une étude publiée dans la revue PLOS ONE, les membres les plus zélés de ces copropriétés aviaires expulsent ceux qui ne contribuent pas suffisamment à la construction. Une politique bien rodée façon républicain social !

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Républicain social

 

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Nids du Républicain social

2/Nids tisés et cousus : des créations de virtuoses du fil et des brindilles

Parmi les techniques de construction de nid chez les oiseaux, le tissage est un art maîtrisé par plusieurs espèces, notamment en Europe et en Afrique. Le rémiz penduline (Remiz pendulinus) et la mésange à longue queue (Aegithalos caudatus), par exemple, confectionnent des sacs ovoïdes à ouverture latérale. Des prouesses à la hauteur d’un atelier de confection haut de gamme !

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Rémiz penduline par Ralf Ottmann, sous licence CC BY-SA 3.0

 

Les tisserins (famille des Plocéidés), présents en Afrique et en Asie, entrelacent des herbes avec une précision millimétrique, créant des nids solides.

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Nid du Tisserin

 

D’autres oiseaux, comme la fauvette d’Asie (Orthotomus sutorius), réalisent même des poches cousues en reliant les feuilles avec des fils végétaux.

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Nid de fauvette couturière par Mike Prince (Bangalore, Inde), sous licence CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

 

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Fauvette d’Asie

 

Petit, discret mais assurément doué, le colibri huppé (Orthorhyncus cristatus) assemble mousse, duvets, fibres de coton… et un matériau inattendu : la soie d’araignée. Collante, élastique et ultra-résistante, celle-ci rend les parois du nid extensibles. Cela permet à ce dernier de s’élargir à mesure que les oisillons grossissent. Si l’Homme a inventé le jean en élasthanne, le colibri, lui, a créé le nid extensible ! En Amérique du Nord, le roitelet à couronne dorée (Regulus satrapa) utilise lui aussi la soie d’araignée, mais pour fixer son nid qu’il arrime entre deux brindilles, tel un petit hamac lové dans la végétation.

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Nid et œufs de Colibri huppé. Collection Jacques Perrin de Brichambaut, par Muséum de Toulouse, sous licence CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
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Colibri huppé

3/Nids durables : entre récup' et ingéniosité dans la jungle urbaine

Élastique, plastique, bout de ficelle… Tout est bon pour construire un nid robuste. Le moineau domestique (Passer domesticus), la pie bavarde (Pica pica) et le foulque macroule (Fulica atra) savent exploiter ce que les humains laissent traîner. Ils intègrent dans leurs ouvrages tout ce qu’ils trouvent.

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Moineau domestique recyclant du plastique pour son nid par Magali Bailliot © 2024

Un nid de foulque macroule découvert à Amsterdam contenait par exemple plus de 600 déchets, certains vieux de plusieurs décennies. Une accumulation qui montre que cet oiseau pond dans le même nid d’année en année. Un exemple de remploi et de construction durable !

La pie, souvent soupçonnée de chaparder bijoux ou bibelots dorés, ne fait pourtant que recycler. Avouons-le : ce sont nos biais humains qui nourrissent cette légende. Nous remarquons la pie lorsqu’elle s’intéresse à un objet brillant. Par contre, lorsqu’elle s’empare d’une simple brindille, nous n’y prêtons guère d’attention. Des chercheurs britanniques ont d’ailleurs démontré qu’elle n’aurait aucune attirance particulière pour le « bling-bling ». Sans doute mérite-elle plus de reconnaissance pour ses talents de récupératrice.

Selon Auke‑Florian Hiemstra, biologiste au Naturalis Biodiversity Center aux Pays‑Bas, la pie – comme le corbeau - utilise volontiers des pics anti-pigeons pour construire son nid ! Des éléments qu’elle positionne parfois pour former un toit épineux, digne d’une forteresse façon Vauban (ou presque)!

4/Nids creusés : des tunnels et des terriers pour des abris efficaces

Tous les nids ne sont pas faits d’éléments rapportés. Certains oiseaux s’installent directement dans les talus, falaises ou dunes pour pondre leurs œufs.

Le guêpier d’Europe (Merops apiaster) creuse un tunnel horizontal d’environ un mètre, menant à une chambre de ponte. Le comportement de nidification du martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) suit un schéma similaire.

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Guêpier d’Europe à l’entrée de son nid creusé

 

Plus étonnante, l’hirondelle de rivage (Riparia riparia) qui niche en colonie dans des parois sableuses. Chaque couple aménage sa propre galerie. Les entrées sont si bien alignées que l’ensemble rappelle nos habitats troglodytiques.

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Hirondelle de rivage nourrissant son petit à l’entrée de son nid

Le macareux moine (Fratercula arctica), emblématique des côtes atlantiques, lui, creuse son terrier dans la terre. Il le tapisse d’algues pour laisser reposer son œuf unique, tel un trésor prêt à éclore dans son écrin marin...

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Macareux moine à l’entrée de son nid creusé

5/Nids en loge : l’expertise du bois et du forage

Les pics (famille des Picidés) sont des spécialistes du travail du bois. Pour construire leur nid, ces oiseaux creusent des loges dans les troncs d’arbres ; un mode de nidification qui préserve efficacement œufs et oisillons des prédateurs et des intempéries.

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Pic-vert nourrissant son petit à l’entrée de son nid

 

Mais pour tambouriner du bois dur jusqu’à 20 coups par seconde, encore faut-il un physique adapté :

  • un crâne renforcé pour absorber les chocs (jusqu’à 1 200 fois la force de la gravité), alors qu’un humain serait commotionné dès 100 g,
  • une mâchoire incurvée vers l’intérieur,
  • une langue s’enroulant autour du crâne via un système osseux (appareil hyoïdien) qui limite les vibrations.

Selon les espèces, la profondeur des loges varie :

  • de 20 à 50 cm pour le pic vert (Picus viridis)
  • de 25 à 30 cm pour le pic-épeiche (Dendrocopos major)
  • de 30 à 60 cm pour le pic noir (Dryocopus martius)
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Pic-épeiche nourrissant ses petits dissimulés dans leur loge

Mais pour nicher, les pics ne choisissent pas leurs arbres au hasard. Ils privilégient les sujets au bois tendre, fragilisés par des champignons. Le pic à face blanche d’Amérique du nord (Leuconotopicus borealis), lui, n’attend pas. Il inocule directement un champignon (tramète du pin) dans les arbres sains pour les ramollir !

6/Nids maçonnés : l’art de bâtir avec de boue et de la salive

Certaines espèces d’oiseaux utilisent de la terre gorgée d’eau et leur salive pour bâtir des nids solides.

C’est avec de la boue collectée près de points d’eau que l’hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) s’affaire sur son chantier. Elle la façonne en boulettes qu’elle empile en plusieurs couches successives. Sa salive, utilisée comme liant, assure la cohésion de l’édifice. Une fois durci, l’ensemble forme un ciment très solide. L’intérieur du nid est lissé, tapissé d’herbes pour le confort des oisillons.

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Nid maçonné de l’hirondelle de fenêtre

La sittelle torchepot (Sitta europaea) exploite souvent des cavités naturelles d’arbres. Au besoin, elle en réduit l’entrée avec de la boue, du crottin ou de la résine végétale. Parfois, ce perron se prolonge en mini tunnel ou en petit monticule.

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Sitelle torchepot garnissant son nid avec des feuilles

La salangane à nid blanc (Aerodramus fuciphagus) pousse la technique encore plus loin. En effet, pour façonner son nid, elle compte principalement sur sa propre salive. Une fois séchée, celle-ci forme une coupelle à la fois légère et solide. Ces coquilles translucides fascinent depuis longtemps. En Asie, elles constituent les ingrédients clef d’une soupe aux vertus médicinales et prétendument aphrodisiaques. En Chine, ce met de luxe, autrefois réservé à l’élite, remonterait au XVIe siècle.

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Morceaux de nid de la salangane à nid blanc

 

7/Nids aromatisés : quand les oiseaux pratiquent l’herboristerie

Certaines espèces soignent leurs nids avec des herbes aux multiples bienfaits.

La mésange bleue (Cyanistes caeruleus) et l’étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) garnissent leurs abris de plantes telles que la lavande, la menthe et d’autres remèdes naturels de notre pharmacopée maison.

Chez la mésange, ces plantes aromatiques aux substances volatiles très odorantes protègent les oisillons des infections et des parasites. D’après les recherches du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, en Corse, cet oiseau compose d’ailleurs de véritables « bouquets » pour une synergie optimale !

Si la mésange est la reine du pot-pourri, l’étourneau, lui, voit son comportement parental boosté lorsqu’il utilise des plantes aromatiques. Elles lui permettent de couver plus longtemps, ce qui améliore la régulation thermique des œufs et bénéficie ensuite à la croissance des jeunes.

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Sitelle torchepot apportant de la nourriture à ses petits abrités au fond de la cavité naturelle de l’arbre

Chez la sittelle torchepot, le tapissage du nid avec des copeaux d’écorce, souvent de pin, riches en arômes, jouerait un double rôle : antiparasitaire et thermorégulateur. Il permettrait de maintenir une température plus élevée dans l’abri, réduisant ainsi la durée d’incubation des œufs et protégeant mieux les oisillons.

Au Mexique, le Roselin familier (Carpodacus mexicanus) et le moineau domestique soignent aussi leurs nids, mais avec des moyens aromatiques plus radicaux : des mégots de cigarettes dont la nicotine éloigne les parasites.

Comme nous l'avons exploré, les techniques de nidification sont incroyablement variées et adaptées. Qu'il s'agisse de la structure collective des républicains sociaux ou des nids minutieusement tissés, chaque construction révèle des stratégies de survie et d'adaptation sophistiquées. La prochaine fois que vous croiserez un nid, vous le verrez non seulement comme un refuge, mais comme une merveille  architecturales et d'ingénierie.

Références

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  2. Bertrand A., Le cassique de Montezuma. https://axel-bertrand.com/blogs/infos/blog-post-may-15-17-41-09
  3. BirdLife International (2022), Nesting Behavior and Adaptations in Birds. https://www.birdlife.org/nesting-adaptations
  4. Bessard T., Il faut se méfier des fientes de perruches ! : des nids géants pesant jusqu'à 200 kilos se multiplient à Marseille. La Provence. https://www.laprovence.com/article/region/76040546826171/il-faut-se-mefier-des-fientes-des-nids-geants-pesant-jusqua-200-kilos-se-multiplient-a-marseille
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  6. Fuchs J., Pons M. (2021), Pourquoi et comment les oiseaux font-ils leurs nids ? Ça m’intéresse. https://www.caminteresse.fr/animaux/pourquoi-et-comment-les-oiseaux-font-ils-leurs-nids-11140912/
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Magalli Bailliot
Auteure en édition, illustratrice et rédactrice web, spécialisée dans le patrimoine culturel et naturel : artisanat, plantes médicinales, faune, monuments historiques, héritages spirituels et imaginaires anciens…