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A la découverte des sites remarquables de l’Essonne

A la découverte des sites remarquables de l’Essonne

Par Rozenn Letouze, le 07/01/2024

Envie d’une escapade nature le temps d’un après-midi ?

Partez à la découverte du domaine départemental de Pierrefitte, en Essonne.

Un écrin de verdure au cœur de la Beauce essonnienne

Les coteaux de Pierrefitte dominent la vallée de la Louette et de la Chalouette, petit écrin de verdure qui borde les plateaux céréaliers de la Beauce.

L’homme a largement façonné ce paysage, par l’exploitation des carrières de grès et le pastoralisme. Sur ces vastes pentes mêlant sable, grès et calcaire, le pâturage a permis le développement d'un écosystème particulier : les pelouses sèches calcaires ou « calcicoles ».

La richesse géologique et écologique du site de Pierrefitte est telle que le conseil départemental l’a intégré dans la réserve naturelle géologique de l’Essonne.

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Les pelouses calcicoles, des milieux rares et menacés en Île-de-France

Sur ces sols calcaires, pauvres en éléments nutritifs et très ensoleillés au printemps et en été, poussent tout un cortège de plantes herbacées adaptées à ce milieu, qu’on ne retrouve pas, ou très rarement, ailleurs en Île-de-France. Ces plantes favorisent à leur tour la présence d’une biodiversité très riche : insectes, reptiles, oiseaux…

Vestiges d’un paysage agricole traditionnel, ces vastes étendus de pelouses sèches ont quasiment disparu en Île-de-France, colonisés par les cultures ou les boisements au fur et à mesure que régressait le pastoralisme. Cependant quelques prairies résistent encore !

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C’est le cas au domaine départemental de Pierrefitte, l’un des sites les plus riches de la réserve naturelle géologique. C’est là que depuis 2018, le conseil départemental mène des travaux sur les 80 ha de pelouses calcicoles du domaine, afin de limiter leur enfrichement et préserver leur biodiversité singulière.

Soyez attentifs et scrutez le moindre brin d’herbe

La végétation est particulièrement luxuriante au printemps, aux mois d’avril et de mai : c’est à cette période que vous pourrez observer les espèces les plus caractéristiques du site, particulièrement les plantes à fleurs.

Cette année en mai, on pouvait admirer le tapis des hippocrépides chevelues, ponctué de mélampyres des champs, qui illuminait l’ensemble du coteau. Depuis la première réouverture du site en 2019, plusieurs espèces d’orchidées ont fait leur apparition : Orchis purpurea, Ophrys insectifera, Oprhrys sphegodes, Ophrys Cephalanthera et Ophrys damasonium notamment.

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Les connaisseurs pouvaient également repérer d’autres espèces de plantes vivaces plus discrètes mais également remarquables : Laîche de haller, lin à feuilles étroites, Koelérie pyramidale, orobanche grêle.

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Qu’est-ce que la réserve naturelle géologique de l’Essonne ?

Une réserve naturelle est une zone de protection créée pour préserver un patrimoine naturel remarquable grâce à une réglementation adaptée (elle peut interdire ou limiter certaines activités par exemple). Dans le cas de la réserve naturelle géologique de l’Essonne, c’est pour protéger des formations géologiques remarquables, modelées il y a 30 millions d’années par la mer stampienne, une mer chaude et peu profonde qui occupait alors le sud du bassin parisien.

Le conseil départemental protège par cette réserve 13 sites d’anciennes carrières et sablières, localisés autour d’Étampes. Le terme « stampien » dérive d’ailleurs de « Stampae », le nom latin de la ville d'Étampes! L’Essonne est en effet l’un des berceaux historiques de la géologie.

6 de ces géosites ont été aménagés afin de faciliter l’observation du grand public : géologues amateurs et amoureux de la nature peuvent observer les affleurements de la roche, mais aussi profiter d’un environnement naturel unique qui se déploie sur les sous-sols de sables, grès et calcaires préservés par la réserve. On vous conseille :  le géosite de la sablière d’Orgemont, où l’on peut admirer des fossiles exceptionnellement bien conservés de nombreux requins, oiseaux et même un proche parent de l’hippopotame.

Une gestion adaptée à ce milieu fragile

Grâce à la gestion attentive menée par le conseil départemental sur le site, de nouvelles espèces apparaissent chaque année. Afin de permettre aux fleurs de se ressemer et de limiter l’enrichissement du sol, l’entretien du site est réalisé par fauchage et le foin est exporté hors du site. Pour éviter d’endommager ces sols fragiles, le fauchage est réalisé une fois par an, en automne, par traction animale. Il est également envisagé de réintroduire prochainement le pastoralisme ovin sur le site.

Les espèces présentes sur le site sont régulièrement inventoriées, afin d’évaluer l’impact de cette gestion sur l’écosystème du domaine.

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Pour améliorer ses connaissances sur la faune et la flore d’Ile de France :

  • Atlas de la flore sauvage du département de l’Essonne - G. Arnal et J. Guittet, 2004 - Editions Biotope et MNHN
  • Les plantes protégées d’Ile-de-France - G. Arnal, 1996 - Editions Biotope
  • Les Orchidées sauvages d’Ile-de-France - F. Dusak et P. Pernot, 2002 - Editions Biotope
  • Les papillons de jour d’Ile-de-France et de l’Oise - Y. Doux et C. Gibeaux, 2007 - Editions Biotope et MNHN
  • Les oiseaux d'Ile-de-France - P. Le Maréchal, D. Laloi, G. Lesaffre, CORIF, 2013 - Editions Delachaux et Niestlé
Rozenn Letouze
Rédactrice spécialisée dans le droit de l'environnement et la biodiversité, naturaliste sur son temps libre