/
/
Le cycle de vie des champignons

Le cycle de vie des champignons

Par Anna Diet, le 01/11/2025

 Lorsque l’on parle de champignons, nous pensons bien souvent à ceux que l’on peut trouver dans la forêt, ou dans notre assiette pour les plus gourmands. Il en existe en réalité bien d’autres ! Beaucoup sont microscopiques, invisibles à l’œil nu. En 2017, 120 000 espèces étaient répertoriées dans le règne des Fungi (le règne des champignons), mais on estime qu’il en existerait entre 2 millions et jusqu’à 3,8 millions sur Terre ! Pour comprendre cet immense règne du vivant et ses stratégies de survie, il est essentiel de regarder au-delà de ce que l'on ramasse : la clé est sous nos pieds.

Ce que l’œil ne voit pas, la face cachée de l’iceberg fongique

Le champignon que l’on voit et que l’on peut ramasser fait partie de l’ordre des macromycètes, macro signifiant « gros » et mycètes voulant dire « champignons », par opposition aux espèces microscopiques. La partie que l’on voit n’est que la face visible de l’iceberg ! Le mycète est composé à la fois de cette partie visible, appelée sporophore, mais également d’une partie souterraine bien plus grande appelée le mycélium.

Le mycélium, partie souterraine du champignon, est l’appareil végétatif : il assure la croissance et le développement du champignon. Il est formé d’une multitude de petits filaments appelés hyphes. Ces hyphes, constitués d’une cellule unique, sont plus ou moins ramifiés et peuvent mesurer plusieurs centimètres de long ! Ce sont eux qui permettent au mycélium d’absorber les nutriments nécessaires à sa croissance directement depuis le sol.

Le sporophore, partie aérienne du champignon, est son appareil reproducteur. Il porte et dissémine les spores du champignon pour permettre la « naissance » d’un futur mycélium.

image.png
Dessin représentant les différentes parties composant le champignon (macromycète)

Comment se perpétue la vie fongique ?

Comme tout être vivant, les mycètes (i.e. champignons) cherchent à se reproduire pour survivre. Ils peuvent le faire de deux façons :

  • Par reproduction asexuée, à partir d’un seul individu, générant un clone du premier
  • Par reproduction sexuée, entre deux mycéliums différents, ce qui crée un descendant génétiquement unique

Durant son cycle de vie, le mycélium du champignon dans un premier temps croît jusqu’à stocker des nutriments afin d’avoir l’énergie nécessaire à la formation de ses sporophores. Souvent en surface de la terre, les sporophores poussent jusqu’à devenir assez mâtures pour produire des spores. Celles-ci sont ensuite libérées dans la nature. Si les conditions sont favorables, la spore peut développer un hyphe lui permettant de puiser ses premiers nutriments nécessaires à sa croissance. Une spore peut ainsi soit former un nouveau mycélium identique par reproduction asexuée ou bien rencontrer une spore provenant d’un autre mycélium, fusionner et créer un nouveau mycélium unique, par reproduction sexuée.

image.png
Schéma représentant le cycle de vie du champignon avec possibilité de reproduction sexuée ou asexuée. Inspiré de https://www.cap.chu-lille.fr/cueillette-des-champignons/, https://mycologie.net/, http://microbiologie-medicale.fr

Le cas de la truffe, le mycélium qui cache bien son jeu !

Chez certains mycètes, comme c’est le cas de la truffe, le sporophore se trouve sous la terre et a besoin d’un animal afin d’être consommé et pouvoir par la suite disséminer ses spores. Pour ce faire, elle va donc mimer les phéromones d’une espèce (souvent mammifère) pour les attirer et pouvoir être mangée ! Dans le cas du sanglier, les spores seront ainsi conservées dans l’appareil digestif, ce qui améliorera leur capacité à germer par la suite.

image.png

Les clés de la survie des champignons

Beaucoup de champignons doivent accomplir leur cycle végétatif très rapidement, en quelques jours (voire en quelques heures !). Par exemple, les champignons microscopiques parasites des plantes (rouilles, mildious, oïdiums, etc.) peuvent multiplier leurs spores quelques jours seulement après l’infection.

De même, certains sporophores libèrent leurs spores très vite, comme c’est le cas, par exemple, de Langermannia gigantea (La Vesse-de-loup géante). Pour ce faire, en amont, le mycélium souterrain connaît une forte croissance afin d’emmagasiner les ressources nécessaires.

Plus le mycète se développe vite, plus il a besoin d’énergie qu’il puise directement dans son environnement ! Il arrive souvent qu’il épuise les matières nutritives présentes à disposition. Deux options s’offrent alors à lui : soit le mycélium se développe à la recherche de nouvelles ressources, soit il meurt.

Quand les conditions deviennent défavorables, la croissance du mycélium ralentit ou s’arrête. De nombreux mycéliums peuvent supporter des périodes ralenties pendant plusieurs mois consécutifs !

Les charbons du blé ou de l’orge par exemple, infectent leur hôte pendant la floraison. Leur mycélium s’introduit dans les tissus de l’embryon de la graine et peut attendre pendant des mois que celle-ci ne germe. Des mycéliums viables ont été retrouvés dans des graines d’orges conservées depuis plus de 11 ans !

Pour en savoir plus sur Le cycle de vie des champignons, venez participer à nos sorties avec des guides mycologues 🍄

Références

Durrieu, G. (1993). Ecologie des champignons (Masson (ed.)).

  1. Lopez, G. (2024). Le génie méconnu et discret des champignons (Albin michel (ed.)).

Egli, S., Peter, M., Buser, C., Stahel, W., & Ayer, F. (2006). Mushroom picking does not impair future harvests - Results of a long-term study in Switzerland. Biological Conservation, 129(2), 271–276. https://doi.org/10.1016/j.biocon.2005.10.042

Tassi, G. (2019). Le petit guide du mycologue (D. et Niestlé (ed.); 2019th ed.).

Anna Diet
Docteure en Biologie-Santé, je suis passionée par le monde vivant