En automne, le sport national devient bien souvent la cueillette des champignons ! Délicieux pour certains, fascinants pour d’autres, les champignons n’ont pas fini de nous surprendre ! Mais alors, quand peut-on les trouver, et surtout, où se cachent-ils? Voici quelques conseils pour une cueillette réussie !
Ce que le mot « champignon » cache vraiment
Les champignons que l’on peut croiser en forêt, visibles à l’œil nu, ne sont qu’une infime partie du monde fongique. Beaucoup sont microscopiques, certains vivent même dans l’eau !
Dans le langage courant, le mot « champignon » est souvent utilisé pour nommer la partie visible, le sporophore. Pourtant, la majeure partie du champignon, le mycélium, se trouve en fait sous terre ! Le champignon est donc l’ensemble à la fois du mycélium et des sporophores.
Pour en savoir plus sur l'écologie et le cycle de vie des champignons, reportez vous à l'article 'Le cycle de vie des champignons'

Mais alors, quand les chercher ?
Bien que le mycélium puisse être présent sous terre une bonne partie de l’année, les sporophores (la partie qui nous intéresse !) ne pointent le bout de leur nez qu’avec un climat humide et des températures plutôt douces. On les retrouve ainsi principalement en automne et, dans une moindre mesure, au printemps.
Pour autant, certains champignons, comme les russules ou encore les bolets, n’apprécient pas les périodes humides prolongées. On peut ainsi les trouver en automne, tant que les épisodes pluvieux restent ponctuels. Ils peuvent aussi apparaître en été, à la suite de pluies orageuses fréquentes mais de courte durée.
Où chercher les champignons selon leur régime alimentaire ?
Les champignons, comme tout être vivant, ont besoin de se nourrir pour vivre, se développer et grandir. Connaître leur cantine préférée, c’est déjà savoir où les chercher !
Tous les champignons trouvent les nutriments dont ils ont besoin dans leur environnement. Ce comportement se rapproche de celui des animaux (on dit qu’ils sont hétérotrophes) et s’oppose à celui des plantes qui produisent leurs propres nutriments grâce à la photosynthèse (on dit qu’elles sont autotrophes).
Cependant, tous les champignons n’ont pas la même source d’alimentation, c’est pourquoi on ne les retrouve pas aux mêmes endroits.
Ils existent trois sortes de champignons : les saprophytes, les mycorhiziens (ou symbiotiques) et les parasites.
Les champignons saprophytes, se nourrissent directement dans le sol, en décomposant de la matière organique inerte : feuilles mortes, souches, branches, crottins, voire des cadavres ! Ils sont indispensables à l’équilibre de la forêt, recyclent la matière organique et forment du terreau fertile.
Les champignons de paris (Agaricus bisporus), les Lentins du chêne (Lentinula edodes) ou encore les pleurotes en forme d’huître (Pleurotus ostreatus) sont des exemples comestibles. Ils se trouvent surtout sur de la matière en décomposition : lits de feuilles mortes ou souches. Ouvrez l’œil !
Les champignons mycorhiziens forment des alliances avec des végétaux et procèdent à des échanges donnant-donnant : le champignon apporte au végétal des nutriments venus du sol tandis que le végétal lui fournit des sucres produits par photosynthèse. Cette alliance, appelée symbiose, se fait au niveau des racines, formant des mycorhizes.
Certains champignons peuvent s’allier à plusieurs espèces d’arbres. C’est le cas notamment de la girolle (Cantharellus cibarius) qui s’associe aux chênes, bouleaux, chataigniers, noisetiers ou pins. Les cèpes, eux, se lient aux chênes, châtaigniers, hêtres ou encore pins.
D’autres champignons ne s’allient qu’à une seule espèce végétale, comme c’est le cas bolets qui ne s’allient qu’aux pins. Ces espèces sont dites restrictives**.**
Chercher ces champignons près des arbres partenaires est la clé !
Finalement, les champignons parasites se nourrissent de matière organique vivante. Pour cela, ils s’installes sur un organisme vivant, appelé « hôte », pour obtenir tout ce dont il a besoin, souvent au détriment de l’hôte. Ils peuvent parasiter des plantes, des arbres, d’autres champignons ou même des insectes !

A la découverte des habitats des champignons
Les bois et les forêts sont les endroits de prédilection pour trouver la plus grande diversité de champignons :
- Le sol riche en feuilles mortes en décomposition constitue un terreau fertile pour les saprophytes
- Les souches et les troncs dépérissant plaisent également aux saprophytes, tandis que les parasites préfèrent des individus vivants
- Les nombreux arbres sont intéressants pour les champignons mycorhiziens avec lesquels ils réalisent leur symbiose
Finalement, plus il y a d’arbres différents, plus il y a de chance de trouver des champignons variés !
Mais les forêts ne sont pas les seuls lieux pour les champignons. Les prairies peuvent aussi en accueillir. On retrouve des rosés-des-prés, des coulemelles ou encore des vesses de loup dans les terrains de pâtures des ovins et bovins. Les prairies d’herbes peu ou pas pâturées sont quant-à-elle plus rares, c’est pourquoi les champignons qu’elles abritent, comme l’hygrophore aux couleurs vives, sont souvent en voie de disparition.
Les jardins et les lieux cultivés sont souvent hostiles pour l’arrivée des champignons : la terre y est retournée trop fréquemment pour permettre leur implantation. Toutefois, certains mycéliums peuvent y apparaître occasionnellement en fonction des apports d’engrais, de fumiers ou d’autres matières organiques.
Certains champignons sont très spécialisés et se développent sur des endroits insolites : tissus, cuir, cadavres d’insecte, sabots de chevaux, cornes de bovins, plumes, excréments d’animaux bien précis et parfois même sur d’autres champignons !
Quelques consignes de sécurité avant la récolte
Avant de se lancer dans la récolte, il est nécessaire de penser à quelques indispensables. Privilégiez toujours un panier ouvert pour votre cueillette plutôt qu’un sac plastique : celui-ci pourrait entraîner une fermentation des champignons, provoquant la libération de toxines potentiellement dangereuses pour la consommation.
Ne récoltez que les champignons que vous connaissez bien et séparez toujours les champignons non identifiés (avec différentes boites par exemple).
Le simple contact de certains champignons peut entraîner dispersion de spores ou molécules toxiques sur l’ensemble de votre récolte. Ce peut alors être la poubelle pour l’ensemble de votre récolte.
Munissez-vous un couteau (facultatif) afin de récolter proprement vos champignons.
En cas de doute sur l’identification ou la comestibilité des champignons récoltés, montrez votre cueillette à votre pharmacien ou a un mycologue ou venez participer à nos sorties champignons !

A vos marques ? Prêts ? Partez !
Maintenant que vous savez tout, direction la forêt !
Sur le terrain, il est important de ne prélever que des exemplaires non véreux (exempts de maladie), frais, jeunes ou pas trop âgés.
Une fois face à votre champignon préféré vous pouvez sectionner le tronc à ras du sol, ou bien l’extraire délicatement du sol. Contrairement à une idée reçue, couper le tronc plutôt que d’extraire le champignon ne favorise pas sa repousse !
Sectionner le tronc à ras du sol vous permettra surtout d’éviter l’amas de terre dans votre panier.
Patience et persévérance : laissez le temps aux champignons
Certains champignons sont timides et difficiles à trouver dès vos premières promenades. Plus vous passez de temps en forêt, plus votre œil s’affinera pour la cueillette. Méfiez-vous cependant des « faux amis » ressemblant à certains espèces comestibles mais qui ne le sont pas!
Profitez du calme de la forêt et respectez sa biodiversité : vos piétinements impactent l’ensemble de la forêt. Pour ce qui est champignons, le piétinement d’une zone due à la récolte des sporophores entraîne une baisse de leur apparition. Cela n’a toutefois pas d’impact sur le mycélium souterrain. Avec un peu de repos, les sporophores peuvent refaire surface !
Pour découvrir le monde des champignons, venez participer à nos sorties avec des guides mycologues 🍄
Références
Durrieu, G. (1993). Ecologie des champignons (Masson (ed.)).
Lopez, G. (2024). Le génie méconnu et discret des champignons (Albin michel (ed.)).
Egli, S., Peter, M., Buser, C., Stahel, W., & Ayer, F. (2006). Mushroom picking does not impair future harvests - Results of a long-term study in Switzerland. Biological Conservation, 129(2), 271–276. https://doi.org/10.1016/j.biocon.2005.10.042
Tassi, G. (2019). Le petit guide du mycologue (D. et Niestlé (ed.); 2019th ed.).
